Colloque hybride, salle 4 du Collège de France & zoom.

Le nombre de places dans la salle est limité.

Pour nous rejoindre via zoom :

https://u-paris.zoom.us/j/84958194179?pwd=U2ZGSmdwL3dBYVRtNjY0RlZBR2NJdz09

 

Après deux premiers colloques à l’Université Fo Guang de Taiwan (2008 et 2011) et un troisième à l’Université Charles de Prague (2011), le quatrième colloque international sur le Shiji 史記 (Mémoires de l’Historien, achevé aux alentours de 100 av. J.-C.) de Sima Qian 司馬遷, prend pour centre et point de départ un genre particulier au sein du Shiji, le liezhuan列傳, qui fut longtemps traduit par le terme de biographie, avant que ne s’imposent progressivement dans la sinologie anglophone les expressions de ‘arrayed traditions’ ou ‘arranged traditions’ ou encore ‘traditions’ (« traditions arrangées/mises en ordre »). L’objet pose d’emblée des problèmes de définition, car le genre biographique ne coïncide pas avec le champ désigné par le terme liezhuan dans le Shiji. D’une part, certains liezhuan ne sont pas construits autour de destinées individuelles, mais s’intéressent à l’histoire de peuples étrangers, en contact plus ou moins étroit avec les pays puis l’empire chinois. D’autre part, en ce qui concerne le Shiji, les trente chapitres désignés par le terme de shijia 世家 (Maisons héréditaires) présentent également une forte dimension biographique. Cependant, après le Shiji, c’est bien le terme de liezhuan ou de zhuan qui a été retenu pour désigner ce genre littéraire grâce auquel sont transmises des « vies ». Dans l’ensemble du Shiji, les liezhuan sont souvent considérés comme une extension des benji本紀, chapitres annalistiques qui posent les fondations de l’ouvrage, mais qui, comme le Classique des Printemps et Automnes 春秋 présentent le défaut d’être centrés sur la personne du souverain et la politique de la cour, en laissant dans l’oubli, ou au mieux à la périphérie, les faits et gestes des « sujets ». De ce point de vue, ce que nous appelons « genre biographique » se rapproche du développement que les commentaires (chuan 傳) donnent aux Classiques, ceux-ci constituant alors des fondations qui ne prennent leur sens que par les constructions qu’elles permettent. Cependant, les liezhuan de Sima Qian présentent la particularité de s’articuler pour la plupart d’entre eux autour de destinées individuelles, parfois entrelacées l’une à l’autre, et c’est cet « arrangement » d’ordre biographique qui constitue l’une des innovations les plus fascinantes dans le Shiji. Ils se construisent dans une distance plus ou moins grande avec la sphère du pouvoir, jusqu’à inclure des figures d’ermites. Avec les liezhuan, le scribe ne note plus seulement les gestes et les paroles du souverain et de ses plus proches ministres. C’est cet écart et ce jeu avec une historiographie centrée sur les figures et les lieux de pouvoir que nous voudrions plus précisément explorer.   

Ce colloque se veut une occasion de réfléchir à l’inventivité et la diversité des modes d’écriture biographique dans le Shiji, mais aussi, au-delà, d’envisager la transformation de ce genre dans les œuvres historiographiques ultérieures (formant ce qui sera nommé les « biographies officielles »), ses possibles imitations et détournements dans les littératures hagiographiques et fantastiques entre autres, et enfin, autant que possible, de proposer des pistes significatives de comparaison avec l’écriture biographique dans la littérature gréco-romaine. Les actes sont destinés à être publiés par les éditions en ligne du CRCAO (Centre de Recherche sur les Civilisations de l’Asie Orientale).

Personnes connectées : 2 Vie privée
Chargement...